Div Yezh Landerne

Les classes bilingues breton-français en écoles publiques : les questions que vous vous posez

POINTS DE VUE SUR LE BILINGUISME PRECOCE

Pourquoi dès la maternelle ?

« C’est entre 3-4 ans que la capacité d’apprentissage des langues est maximum. C’est là que les capacités de mimétisme, sur quoi est fondé l’essentiel de l’apprentissage d’une langue, sont maximum. Après 13 ans, l’appareil phonatoire et articulatoire se fige, ce qui explique que les adultes ont tant de mal à apprendre les langues étrangères ». Claude Hagège - Linguiste « Entre zéro et 7 ans, c’est l’âge du langage : il se construit, selon l’environnement linguistique, à la faveur d’un, deux ou trois codes. D’où une base de données linguistiques, chez le bilingue et le plurilingue précoces, plus riche, plus vaste et plus flexible, avec une attention accrue, même si elle est inconsciente et involontaire, aux différences formelles entre langues et au sein de chaque langue ».

Gilbert Dalgalian - Directeur pédagogique de l’Alliance française.

Quels avantages l’enfant retirera-t-il de la connaissance d’une deuxième langue ?

Linguistique :

« Les langues, ça ne fonctionne pas comme les vases communicants. Les langues ne sont jamais en concurrence. Plus on apprend et plus cela facilite l’apprentissage de nouvelles langues. Il y a un effet cumulatif. L’apprentissage d’une langue ne nuit pas à l’apprentissage d’une autre langue, c’est tout le contraire. »

Gilbert Dalgalian - Directeur pédagogique de l’Alliance française.

Intellectuel :

« Quand tout se passe bien, le bilinguisme est incontestablement un plus pour le développement intellectuel. Un enfant qui reçoit une éducation bilingue a, en général, de meilleurs résultats scolaires pour des raisons de facultés intellectuelles très développées et, justement, celles qui sont demandées en général à l’école ».

Elisabeth Bauthier-Castain - Psycholinguiste.

« Les évaluations confirment que l’enseignement bilingue contribue fortement au développement intellectuel de l’élève et son épanouissement ».

Jean-salles-Loustau - Février 1997 - Inspecteur général de l’Education Nationale chargé des langues régionales.

CONNAITRE LA LANGUE BRETONNE

Identité :

La langue bretonne constitue un élément majeur de la culture en Bretagne (radio, télévision, presse, édition, littérature, histoire, musique, noms de lieux, de famille...). C’est une belle motivation que de contribuer à pérenniser le mode de vie d’une civilisation à l’identité si marquée. Aujourd’hui, l’apprentissage du breton à l’école permet à l’enfant de parler, d’écrire et de vivre sa langue afin de bien comprendre la pluralité et l’originalité de la culture bretonne, et ainsi de mieux en tirer profit.

Affectivité :

La double approche linguistique permet à l’enfant d’avoir une ouverture d’esprit plus large vers d’autres cultures et d’autres modes de pensée, de rendre l’enfant plus apte à comprendre et à respecter la différence, développant ainsi ses capacités de tolérance.

« L’avenir, c’est le plurilinguisme et dans ce plurilinguisme, les langues régionales ont un rôle capital à jouer. L’avantage qu’elles ont sur les autres, c’est qu’elles permettent une enracinement socio-affectif et socioculturel indispensable. »

Evelyne Charmeux - Professeur à l’Ecole Normale de Toulouse - Chercheur à l’institut de la recherche pédagogique

Et l’anglais ?

L’anglais dans les classes bilingues breton-français est enseigné en école primaire dans les mêmes conditions que les classes traditionnelles. D’après les psycholinguistes, le bilinguisme régional offre l’avantage de s’appuyer sur l’environnement et le vécu de l’enfant contrairement aux langues étrangères nationales. en Bretagne, la langue est ancrée dans l’environnement social et culturel de l’enfant.

« Toutes les langues sont utiles indépendamment de leur utilité sur le plan du maintien de la culture et de l’environnement. Elles sont utiles sur le simple plan de la formation intellectuelle et donc de la réussite socioprofessionnelle. L’enracinement bilingue d’un enfant breton dans les deux langues breton-français, c’est la base qui lui permettra de toute façon de développer son quotient intellectuel dans tous les domaines, particulièrement pour l’apprentissage de l’anglais le moment venu. Donc, il n’y a aucune nécessité de donner une priorité artificielle à une langue qui n’est pas celle du terrain et de l’environnement. Le choix utilitaire que pourraient faire les familles en préférant le bilinguisme français-anglais au bilinguisme français-breton tourne en réalité le dos à l’utilité. »

Gilbert Dalgalian - Directeur pédagogique de l’Alliance française.

L’ENSEIGNEMENT BILINGUE DE LA MATERNELLE AU LYCEE

Si cet enseignement paraît novateur en Bretagne, il faut savoir qu’il existe des classes bilingues dans différentes régions de France et en Europe, basées sur les langues régionales ou les langues de proximité pour les régions frontalières. Les connaissances en français et en mathématiques sont vérifiées par les évaluations nationales de Grande Section/CP de CE2 et d’entrée en sixième. Dans l’académie de Rennes, l’évaluation à l’entrée en 6ème effectuée en 2001 a permis de constater que les moyennes des résultats, des enfants issus des établissements dispensant un enseignement bilingue breton-français (enseignement public, catholique et associatif), ne relèvent aucun retard particulier et sont même légèrement supérieures à la moyenne académique tant en français qu’en mathématiques. (courrier de monsieur le recteur d’académie du 27 septembre 2002 adressé à l’association Div Yezh).

Fonctionnement

Les filières breton-français sont mises en place au sein des écoles publiques et sont sous la responsabilité des inspecteurs de l’éducation nationale. Chaque classe est prise en charge entièrement par un enseignant qualifié de l’éducation nationale, formé à l’IUFM de Saint-Brieuc. Les enfants des classes bilingues partagent la même cour que les autres enfants, la même cantine, la même garderie, etc.

Que signifie la parité horaire ?

L’enseignement bilingue à parité horaire est définit par la circulaire n° 2001-167 du 5-9-2001 du ministère de l’éducation nationale. A l’école maternelle et élémentaire, l’élève inscrit en classe bilingue utilise les deux langues : certaines séances se font en français et d’autres en breton. Progressivement, l’enfant emmagasine, comprend, utilise des mots, puis des phrases en breton. Dans le même temps, il continue à améliorer sa connaissance du français.

Chaque classe est en général prise en charge totalement par un seul enseignant, ce qui apporte une grande souplesse quand à l’utilisation des deux langues. La découverte de l’écrit fait partie des objectifs de l’école maternelle, l’enfant est donc mis en présence d’écrits significatifs et fonctionnels dans les deux langues. L’expérience prouve que, dans l’enseignement bilingue, le savoir-lire se développe de manière parallèle dans les deux langues. Les élèves seront incités à transposer leurs activités de lecture d’une langue à l’autre. En même temps qu’ils apprennent à lire en français, ou selon un décalage temporel avec l’apprentissage du français écrit, les enfants seront incités à transférer leurs acquis à la lecture de textes en langue régionale de difficultés graduées Les mathématiques s’effectuent généralement en breton jusqu’à la fin du cycle 3.

Les connaissances en français et en mathématiques sont vérifiées par les évaluations nationales de Grande Section/CP de CE2 et d’entrée en sixième.

LES CLASSES MULTI-NIVEAUX :

Les élèves des classes bilingues breton-français sont souvent réunis en classes multi-âges. Ces classes ont des effectifs qui se situent entre 20 et 25 élèves. Une filière arrivée à terme compte souvent une classe unique maternelle, une classe primaire deuxième cycle (CP/CE1) et une classe primaire troisième cycle (CE2/CM1/CM2).

Intérêts des classes multi-âges ?

- sur la sociabilité de l’enfant :

Les classes multi-niveaux permettent une éducation permanente à la différence : les grands apprennent à respecter les plus jeunes, les jeunes profitent de l’expérience des anciens, ils travaillent et jouent ensemble. Les échanges entre plus grands et plus petits permettent à chacun de se construire autour de valeurs de solidarité.

- d’un point de vue psycho-affectif :

Les classes multi-niveaux favorisent un gain d’autonomie de la part des élèves les plus jeunes (nécessité de pouvoir travailler sans les consignes permanentes d’un adulte).

Le ressenti négatif de leur travail et d’eux-mêmes pour les « élèves en difficulté » est atténué du fait de la multiplicité des niveaux et par conséquent, des supports d’apprentissage utilisés « normalement » dans la classe.

- sur les apprentissages :

L’enfant à une vision concrète de l’ensemble des compétences attendues jusqu’à la fin du cycle et la possibilité « structurelle » d’acquérir certaines de ces compétences plus tôt que prévu ou à rattraper des connaissances mal acquises. Le fait que les plus grands puissent reformuler et expliquer aux plus petits les aide eux aussi à mieux maîtriser les savoirs.

L’apprentissage du breton sera-t-il une source de travail supplémentaire pour mon enfant ?

L’enseignement bilingue dit à parité horaire est dispensé en respectant les programmes officiels de l’éducation nationale. En classe bilingue il n’existe pas de cours de langue bretonne proprement dit, le français comme le breton sont utilisés comme « langues véhicules » des différents apprentissages, sans surcharge horaire.

« Si l’enfant vit des situations dans la langue régionale, des situations en français, s’il apprend à l’intérieur de ces situations et, si de temps en temps, on lui permet de faire des comparaisons de manière à bien expliciter les différences qu’il y a d’une langue à l’autre, ce ne peut être que positif et on s’aperçoit que, loin d’entraîner une gène, chacune des deux langues et chacun des deux savoirs enrichit l’autre ». Evelyne Charmeux - Professeur à l’Ecole Normale de Toulouse - Chercheur à l’institut de la recherche pédagogique.

Le breton parlé, le breton écrit ?

Le breton enseigné est un breton académique, mais la richesse dialectale du breton est conservée à l’oral. IL existe des clés que l’on apprend aux enfants et qui permettent de passer plus facilement d’un dialecte à l’autre. De plus, des contacts sont créés au niveau de l’école avec des bretonnants des générations précédentes. Ces liens avec les anciens permettent également de découvrir l’univers culturel des terroirs.

L’ASSOCIATION DE PARENTS DIV YEZH

Que fait l’association Div Yezh ?

« Div yezh » signifie « Deux langues » en breton. C’est une association de parents d’élèves pour l’enseignement du breton à l’école publique qui a vu le jour en 1979. Elle a pour but la défense des intérêts matériels et moraux de tous les élèves des établissements scolaires publics et notamment de ceux qui apprennent ou souhaitent apprendre le breton, la culture bretonne, s’instruisent ou souhaitent s’instruire par le moyen de la langue bretonne. Elle fédère une trentaine d’associations locales de parents d’élèves de l’enseignement public.

Div Yezh travaille à informer sur le principe, le fonctionnement et les modalités de mise en place des classes bilingues breton-français dans l’enseignement public, de la maternelle jusqu’au lycée. L’association aide également les parents qui le souhaitent à s’organiser pour demander aux instances concernées (municipalités, inspections académique) la mise en place et le suivi de classes bilingues breton-français dans les écoles, collèges et lycées, conformément aux textes officiels qui régissent l’enseignement bilingue public en France.

Et le bilinguisme breton-français dans l’enseignement catholique et associatif ?

Dihun est une association de parents d’élèves pour l’enseignement du breton dans l’enseignement catholique au même titre que Div Yezh dans l’enseignement public. Comme dans l’enseignement public, les classes bilingues breton-français sont intégrées dans les écoles déjà existantes, les associations de parents d’élèves n’ont pas en charge la pédagogie ni l’instruction. L’association Diwan pour sa part, gère ses propres écoles, il s’agit non pas de filières bilingues dans des écoles, mais d’écoles associatives entièrement bilingues. La méthode utilisée dans les écoles Diwan est dite immersive : l’enseignement en maternelle y est pratiqué entièrement en langue bretonne, la langue française étant introduite progressivement à l’école primaire.

vendredi 7 avril 2006

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