Div Yezh Landerne

Pourquoi le breton ?

En Bretagne, l’apprentissage précoce du breton est favorisé par un environnement socioculturel porteur : 250 000 locuteurs, présence de la langue bretonne dans la musique, l’édition, les médias, la signalisation, le patrimoine. Et également par des conditions socio-affectives propices : l’enfant va pouvoir communiquer avec ceux qui parlent breton ; famille, amis, grands-parents... permettant souvent de resserrer les liens entre générations. De plus, la langue bretonne, comme toute autre langue, est un patrimoine, une richesse culturelle à préserver et à promouvoir pour la diversité culturelle en France et en Europe.

Gilbert Dalgalian, linguiste, Directeur pédagogique de l’Alliance française :

« Toutes les langues sont utiles indépendamment de leur utilité sur le plan du maintien de la culture et de l’environnement. Elles sont utiles sur un simple plan de formation intellectuelle et donc de la réussite socioprofessionnelle. L’enracinement bilingue d’un enfant breton dans les deux langues breton-français, c’est la base qui lui permettra de toute façon de développer son quotient intellectuel dans tous les domaines, particulièrement pour l’apprentissage de l’anglais le moment venu. Donc il n’y a aucune nécessité de donner une priorité artificielle à une langue qui n’est pas celle du terrain et de l’environnement. Le choix utilitaire que pourraient faire les familles en préférant le bilinguisme français-anglais au bilinguisme français-breton tourne en réalité le dos à l’utilité. »

Claude Hagège, linguiste :

« L’anglais est une langue facile pour un francophone et le type d’anglais et le volume de connaissance d’anglais qui est requis pour un francophone, c’est à dire pas grand chose, font qu’il n’y a aucune raison de se précipiter sur l’anglais. Comme l’anglais par ailleurs n’a pas les sources culturelles nationales ici comme le breton, je vois encore de moins en moins de raisons de se précipiter sur lui lorsqu’on a la chance d’appartenir à une partie de la France qui a une langue régionale dont certains aspects nous font craindre qu’elle soit moribonde. Mais c’est un raisonnement circulaire. Vous la rendrez encore plus moribonde en ne la choisissant pas, en faisant appel à un argument qui se retourne contre vous. »

Evelyne Charmeux - Professeur à l’Ecole Normale de Toulouse - Chercheur à l’institut de la Recherche Pédagogique :

« L’avenir, c’est le plurilinguisme et dans ce plurilinguisme, les langues régionales ont un rôle capital à jouer. L’avantage qu’elles ont sur les autres, c’est qu’elles permettent un enracinement socio-affectif et socioculturel indispensable. »

mercredi 8 février 2006

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